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Le Pangolin
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31 août 2006

Migrations des compétences : Pourquoi les "cerveaux" africains s’en vont ?

Kuzvinetsa Peter Dzvimbo du Département des ressources humaines de la Banque mondiale n’aiment pas le mot "fuite des cerveaux". Il lui préfère celui de "migration internationale du capital humain qualifié des pays en développement". Pour lui, il est préférable de parler de migration internationale du capital humain qualifié (Imshc) parce qu’un tel terme englobe à la fois la fuite des cerveaux, l’exode des compétences optimales, le gaspillage, la circulation, l’échange, la globalisation et l’exportation des cerveaux. C’était d’ailleurs le titre de sa communication présentée au cours de la conférence d’Accra sur l’enseignement supérieur.

Parlant des causes de ce phénomène, M. Dzvimbo indique que, pour contrôler la migration, il est crucial de comprendre pourquoi les gens émigrent, pour dire que l’Ismhc résulte de l’interaction complexe des forces économiques, politiques, sociales, culturelles, linguistiques et même religieuses. Sans prendre en compte des facteurs psychologiques comme un environnement propice à l’autonomie professionnelle, ni de la personnalité, des objectifs de l’histoire personnelle. Les facteurs qui poussent les gens hors de leur pays d’origine peuvent être les conditions intérieures défavorables (capacité éducative peu satisfaisante, bas niveau de vie, limitations de la technologie, mauvaise adéquation de la formation et de l’emploi, incertitude du lendemain, malaise politique, conflits armés, absence de politique de main-d’œuvre réaliste, instabilité économique). Ainsi, en 1990, les Etats-Unis avaient accueilli 125 799 Africains ayant un niveau d’éducation secondaire et supérieur. Les plus gros contingents venaient de l’Egypte (52 281), du Ghana (12 504) et de l’Afrique du Sud (22 478).

Pour ce qui est des facteurs d’attraction dans les pays d’adoption, M. Dzvimbo en a listé, entre autres, les opportunités personnelles et professionnelles, les politiques favorables à l’immigration, les écarts de salaires, la différence de qualité de vie, les opportunités d’éducation pour les enfants, l’interaction avec d’autres professionnels, la stabilité politique, la sécurité de l’emploi. Et, sur ce plan, les pays ayant des politiques agressives de recrutement sont le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Allemagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Mais pour mieux comprendre ce qui fait leur attrait, le fonctionnaire de la Banque mondiale met en exergue les facteurs de "pulsion" et d’"attraction". Définissant la "pulsion", il dira qu’en 1992, les demandeurs d’asile, dans les pays en conflit (dont le Sénégal) avaient atteint le chiffre de 700 000. Un nombre en baisse depuis lors. Pour l’"attraction", elle résulte de l’espoir de meilleures conditions. Ce qui fait que l’on a compté 1 652 400 appartenant à la diaspora africaine en France (en 1999), 411 492 en Italie (en 2000), 373 000 au Royaume-Uni... Dans cette étude réalisée par Migration du monde, les ménages en Turquie et dans quatre pays africains (Maroc, Sénégal, Egypte et Ghana) ont été interrogés avant et après leur migration. Il en est ressorti que "l’idée d’encourager la migration et d’accroître la demande pour une éducation secondaire et supérieure est en train de faire des progrès", indique le conférencier pour qui tout peut être relatif à l’offre et à la demande de main-d’œuvre qualifiée, aux perspectives de carrière, etc.

Même si les écarts de salaires ne suffisent pas à motiver la plupart des Africains à émigrer, M. Dzvimbo n’en note pas moins que dans les pays les moins avancés, le Pib par habitant est de 1 222,4 dollars, alors qu’il est de 27 820,8 dans ceux à revenus élevés de l’Ocde et de 23 539,7 dans l’Union européenne. Si les conditions de travail, notamment l’autonomie accordée aux jeunes chercheurs, ont leur importance, pour ce qui est des étudiants, leur mobilité semble être fortement influencée par la disponibilité de l’aide financière. Ainsi, en 2000-2001, il y avait 22 679 étudiants africains préparant une licence et 9 833 poursuivant des études au-delà de la licence aux Etats-Unis.

Le conférencier s’est, en outre, appesanti sur l’ampleur du problème de la migration internationale. Selon lui, en 2000, 5,4 millions d’étrangers vivaient dans l’espace économique européen (à l’exclusion de la Grèce). Le continent qui accueille le plus d’immigrés est l’Europe. Elle est suivie de l’Asie, puis de l’Amérique du Nord. Parlant des stratégies et des options pour gérer l’Imshc, il dira qu’il y a six réponses de politique générale à la migration internationale qui peuvent être regroupées en deux approches plus vastes, pour réduire les pressions de la migration. D’abord, il faut maximaliser les profits de l’immigration par des politiques de promotion du retour des migrants à leur pays d’origine, des politiques de recrutement des migrants internationaux qui ne limitent pas leurs nombres, des initiatives pour ressourcer les expatriés par l’accroissement des communications, le transfert des connaissances et des fonds, ainsi que les investissements, des politiques réparatrices qui feront rembourser les pays d’origine par les pays d’accueil afin de compenser la perte en capital humain ou imposer les émigrés directement. Pour les politiques de rétention, il faut contrôler les facteurs d’"impulsion". Il faut aussi faire une option de politique par pays d’accueil et mettre sur pied une politique d’immigration restrictive et sélective, mais aussi de naturalisation. Tout en pensant au recrutement.

Demba Silèye DIA (Source : Wal Fadjri 7 octobre 2003)

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